Moon Unit Zappa the beautiful

Moon Unit Zappa the beautiful

Bien sûr, toi qui pose le regard sur ces lignes, tu dois te douter qu’il s’agit d’écrire un article élogieux en vue de t’inciter à acquérir ce livre. Pas de doute, je ne te prendrais pas en traître, et si tu penses ça, bingo ton intuition est bonne. Mais je ne perdrai pas mon temps et le tien, à encenser le dernier Stephen King, tout comme j’éviterai de m’étaler sur quelques autres nouveautés qui ne m’aient activé le cœur comme ce fut le cas de Papa, les mecs et moi, titre détestable au demeurant, auquel je préfère, sans doute aucun, le titre original : America the Beautiful.

Oh bon Dieu oui, elle est magnifique America Thorne ! « Mer » pour les intimes (dont j’aimerai vraiment faire parti). Une douce névrosée, à l’humeur aiguisée, une adolescente tardive, à l’aurore de ses 30 ans. Elle en chie, ça c’est sûr, la petite America, dont le célèbre papa, un peintre baiseur à toute heure, créatif comme la femme besogneuse du Sens de la vie des Monty Python qui « pond » des mouflets tout en continuant sa vaisselle en demandant nonchalamment à un autre (ils sont une petite centaine de momes dans la cuisine) de le ramasser. Pour Boris, le papa, c’est pareil, il peint comme il respire, et vu que son rythme cardiaque est rapide, je te laisse imaginer le tableau… Malheureusement Boris est mort il y a quelques années d’un bête anévrisme cérébral, sur les genoux d’une poufiasse. Une des nombreuses que Camilla, mère de Mer, et femme officielle de Boris, a dû subir.

Voici donc les aventures de Mer au pays des hommes, avec dans le rôle principal Jasper, qui pourrait s’appeler « Casper le fantôme » tant ses apparitions directes sont rares. Jasper a courageusement rompu avec Mer par fax, rupture qu’elle ne pourra donc vivre que sur le mode de l’intériorité puisque « ce fils de pute » (désolé c’est Mer qui parle, toujours cette humeur en dent de scie !) refuse de lui parler.

Mais il y aura aussi Jym le producteur play-boy qui se rase les poils autour du sexe, et Charlie la douceur incarnée mais malheureusement bien que « very much » troublé par Mer, déjà « maqué » avec une mannequin à mi-temps dans l’humanitaire (y’a pas de justice, si maintenant les belles sont intelligentes et ont du cœur…).

Mais je n’oublie pas non plus de te présenter Spoonie le frère ennemi adoré de Mer. Spoonie est beau comme…, comme les hommes lorsqu’ils sont des adultes au visage d’enfant, parfois très con parce qu’immature, mais Mer nourrie quelques jalousies à l’égard de ce cadet intelligent et créatif comme son père, attiré par les nibards protubérants.

Enfin Sadie, l’amie de Mer, celle qui crée la joie de vivre quand la dépression est trop forte, celle qui aime bien quand…, comment dire… elle va le dire elle-même : « Mer, elle est énorme, je rigole pas. Il est monté comme un âne. ». Sympa comme tout, tu trouves pas ?

Mais bon je déconne là. Muz, (c’est encore pour les intimes, dont j’aimerai encore faire parti), autrement dit Moon Unit Zappa, auteur de son premier roman, tape fort. Elle écrit son expérience avec véracité et style. A la traduction on y perd, c’est sûr, mais malgré cette inévitable trahison, j’ai senti le souffle incessant de l’inspiration. Non seulement le récit est construit comme une ellipse, mais certaines situations sont décrites à la façon d’une mise en scène, avec un style très visuelle.

Frank Zappa, le papa de Muz, nous avait tous habitué à cette créativité débordante, et sa mort prématurée avait secoué tant de monde en 1993 ! Dweezil et Ahmet, deux autres frères, sont guitaristes et chanteurs déjà, et leurs musiques débordent souvent de cette inspiration sauvage.

Aujourd’hui Muz prend le relais, avec sa voix propre, roman en forme d’initiation, avec deuil et séparation, avec pardon et ouverture, et surtout avec ce sens incroyable de la dérision.

La lecture d’America the Beautiful m’a plusieurs fois humidifiée les yeux par la sincérité de l’écriture, elle m’a surtout franchement amusé. « Ah Mer ! Y’a des choses qui se passent dans ta tête et dans ton cœur qui ne sont pas communes », quant à Muz je ne peux que me réjouir de cette artiste (véritable muse), espérer encore la rencontrer souvent sur les rayonnages des libraires et finalement t’inciter une nouvelle fois à offrir ce roman aux personnes que tu aimes. Alors ne t’oublies pas !

Papa, les mecs et moi

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